Thiounn, quand Cambodge rime avec rap et francophonie

Comme Keny Arkana et Diam’s, Thiounn est un chanteur, au rap engagé, à la fois sensible et vigoureux. Fils de réfugiés cambodgiens, né à Montpellier en 1976, Thiounn grandit dans la région parisienne et vit une enfance partagée entre la culture asiatique de ses parents et celle, occidentale, de la France. Il découvre le hip hop* au début des années 90, monte un groupe, puis se lance en solo. En 2004, il autoproduit un album intitulé « Premier exil », dans lequel il évoque les terribles souffrances de son pays d’origine. Sur le site Internet de Thiounn, Virak dit de l'artiste qu’il est « le croisement de plusieurs champs musicaux : le Cambodge, sa langue et sa tradition musicale foisonnante, raffinée et dépaysante. New York, La Mecque du rap et sa musique épurée, percutante et urbaine. La France et son vocabulaire riche et complexe ainsi que son cosmopolitisme ».

* Si vous ne connaissez pas la différence entre hip hop et rap, je vous recommande la lecture de l'article de Soukaz sur le site Raptiviste.net .
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Voici le clip et les paroles de « Phnom Penh 75», un titre tiré son album « Premier Exil»:

Le fichier MP3 (meilleur son)



Phnom Penh 75



Voilà la mémoire qui parle par ma voix / dévoile par devoir ces vies noircies sans choix. / Misère asiatique - Echec politique - Ruine économique / Black out médiatique - Destinée tragique. / Dans mon pays le poignard sévit ; chacun craint pour sa vie / même vêtu des attributs du parti. / L’exode comme remède peu s’en remettent la vessie vidée de sang, / déferlent sur les camps étouffant crevant. / Ouvriers contraints nourris au riz bouilli. / Dur labeur, sort mortel, l’horreur s’atèle aux regards qui meurent sans bruit. / Des nuits entières de vœux pieux, / genoux à terre à croire Dieu miséricordieux. / Ces gosses larmoyants qu’on dresse l’arme au poing à l’art militaire. / Ces membres en moins ces armes du meurtre au gramme au programme amer. / Odeurs de souffre, douleurs au cœur du gouffre. / Sous le poids de l’ogive la brique s’engouffre. / Et cet incessant manège ardent d’inquisition. / Arpège strident - Cortège cinglant d’humiliation. / Doctrine incisive - Utopie abrasive. / Thiounn rap les meurtrissures dans la salive.

Refrain 4x:

Dans mon pays. / Derrière ces sourires d’enfant le martyre perçant. / Ces sourires d’enfants le martyre.

Au fond du fossé ces femmes défigurées forcées / à goûter du foutre du forcené. / Foie du forçat, festins funestes sous la flambée. / Le fléau affame ceux qui eurent le savoir trop fier se sont confiés. / Hurlent aux postes frontière, ces nourrissons échappés d’l’arrière, / du sang qui bout rouge comme ces sales khmers. / Les raclures qui de pitié n’en eurent ni pour nos parents pour sûr / à voir de ces réfugiés les figures. / Des vies s’éteignent sous la torture au confins des ruines. / Le charnier imprègne, saigne la rancune. / Règne le dégoût criant de peine ; la rage digne. / Des lambeaux de tissus sous la peau comme seule fortune. / A ceux des miens dont l’âge ne permit guère plus d’égards. / Le feu la guerre à la force de l’ignare. / Ils firent de mes frères d’autres ignares au front, / là où les corps maigres suintent la mort la houe au fond. / Les mains gonflées du pus l’usure du besogneux / du pendu silencieux. / De cette terre où souffrirent ceux-là de mes frères. / Sol outragé - Affres de l’affrontement étrangères.

Refrain 8x

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